Sans considération particulière pour les drames et clivages qui se sont joués et noués chez nous en périodes de crise (40-45, la question royale, les querelles communautaires,...), on continue à voir le monde des autres en noir et blanc sans distinguer ce qui sépare les attitudes extrèmes (adoptées lors d'un conflit engendré par l'éternel jeu de la conquête géo-politique du pouvoir) de celles qui prévalent lors de l'écoulement tranquille (?) de la vie des peuples qui gèrent leur quotidien.
Ainsi, Goran Bregovic se trouve impliqué dans une polémique qui correspond à la sortie d'"Underground", dernier film d'Emir Kusturica, dont il a composé la musique. Ce film, dont les acteurs principaux sont serbes, ce qui peut sembler de mauvais goût aujourd'hui, traite de surcroit de l'attitude des Oustachis lors de la seconde guerre mondiale.
Circonstance aggravante pour Goran Bregovic: le succès d'une de ses chansons l'a fait adopter par les Serbes pour devenir un hymne national.
Pourtant, lui-même n'est pas dans une situation culturellement confortable: son père est croate, sa mère serbe, sa femme musulmane, et son passeport est yougoslave (pour autant que cela veuille toujours dire quelque chose).
Quelle attitude adopter, dans ces conditions ?
La chance a peut-être fourni la solution à Bregovic.
En effet, il a gagné une green-card américaine. Vous savez, ces cartes, tirées au sort, qui permettent à leur heureux gagnant d'adopter la nationalité américaine.
Cela fera de lui, s'il le désire, un citoyen du plus grand melting-pot culturel qui soit.
Cela résoudra t'il son éventuel problème d'identité ?