Jardin d'Usure


Il était une fois deux musiciens qui s'étaient fait tatouer le symbole du Chaos dans leur chair, et un producteur qui revendiquait avec une fierté mal dissimulée ("c'est très rare") le geste de cet acheteur du cd, qui le lui avait renvoyé rageusement brisé, vindicativement brûlé, sauvagement poinçonné...

Et pourtant, rien dans la vie de ces deux musiciens n'indiquait un tel extrémisme.
L'un organisait les travaux d'impression des documents du parlement (en récupérant éventuellement à son propre usage poétique, certains passages particulièrement biscornus).
L'autre s'occupait d'achats vidéos pour la médiathèque de Bruxelles, mais aussi, pratiquait clandestinement la peinture, alors que pour ce que j'en ai vu dans le reportage, il n'y avait vraiment pas de quoi avoir honte.

(Bon, je repasse au présent de l'indicatif, sinon ça va devenir lourd).

Il s'agit donc de deux nouvelles victimes (et non de tortionnaires comme le prétendent les oreilles délicates) des théories du Chaos appliquées à la création artistique, à savoir que le Chaos est source de création, puisque, pour arriver à "éjaculer" (selon l'un des musicien) quelque chose qui soit réellement neuf, il faut nécessairement partir d'un désordre.

D'accord, mais pourquoi "Jardin d'Usure", demanderez-vous avec quelque pertinence ?
"Parce qu'on les aura à l'usure", répond judicieusement l'un des musiciens.
Ah bon...